Le 2 juillet, le Musée a fermé ses portes pour être rénové. Dans cette optique, vers la fin du mois de mai, des techniciens ont commencé à procéder au déménagement des artéfacts les plus volumineux. Le premier à partir a été le coffre-fort. Constitué de plaques d’acier soudé d’un quart de pouce d’épaisseur, ce coffre a été utilisé de 1821 à 1866 par la Banque du Haut-Canada, à Toronto. Il pèse environ 300 livres, et il a fallu deux hommes de bonne taille pour parvenir à le soulever. Patricia Measures, responsable de collections, l’a délicatement vidé des artéfacts qui s’y trouvaient : des billets de la Banque du Haut-Canada disposés en liasses de remplissage (c’est-à-dire que seul le billet du dessus était authentique, le reste étant constitué de papier blanc) et d’anciennes pièces de monnaie canadiennes, le tout sur un arrière-plan de sacs de monnaie décoratifs. Ces objets seront soumis à des inspections minutieuses, et il faudra s’assurer que les pièces sont dépourvues de résidus avant de les entreposer. Les artéfacts étaient disposés ainsi depuis plus de trente ans. Malgré son poids, le coffre-fort était solidement fixé à la vitrine dans laquelle il était exposé, et il a fallu le dégager des boulons de quatre pouces qui le retenaient avant de pouvoir le déposer par terre et le glisser dans une caisse.
À deux pas de là se trouvait le tour à guillocher, appareil dont le fonctionnement s’apparentait à celui d’un spirographe, et qui était utilisé par la British American Banknote Company. Il servait à graver les guillochis, motifs complexes de courbes et de spirales qui ornaient la bordure des anciens billets. Le tour est beaucoup plus lourd que le coffre-fort : il a fallu quatre personnes, beaucoup d’imagination, quelques interjections colorées ainsi qu’un système hydraulique pour parvenir à l’insérer dans une caisse en vue de son entreposage. En fait, le tour n’a pas été placé dans la caisse; on a dû construire celle-ci autour de l’artéfact.
Le 3 juin, comme vous l’avez peut-être vu aux nouvelles, la pierre de Yap a été retirée du jardin intérieur de la Banque. Les pierres de Yap servaient de symbole de prestige ainsi que de monnaie d’échange sur l’île de Yap, en Micronésie, au 19e siècle. Notre pierre, qui mesure deux mètres de haut et qui pèse près de deux tonnes (il s’agit de la plus grosse à l’extérieur de l’île de Yap), trônait sur son socle du jardin intérieur de la Banque depuis 1979. Une armature en acier a été conçue pour soutenir la pierre, une partie du mur vitré de l’immeuble a été enlevée pour qu’on puisse y accéder, et on a dû utiliser une grue pour la déplacer. Cette grue, d’une capacité de 50 tonnes et montée sur un camion, a doucement soulevé la pierre, l’a fait pivoter, puis l’a fait sortir par le trou créé dans le mur avant de la déposer sur un camion semi-remorque. Le tout s’est fait rapidement et sans anicroche, et aucun orteil n’a été écrabouillé au passage.
Les trois artéfacts sont maintenant entreposés en sûreté dans les locaux temporaires du Musée, à Gatineau.
Le Blogue du Musée
Traités, argent et art
La collection du Musée de la Banque du Canada s’est enrichie d’une œuvre d’art de Frank Shebageget intitulée Free Ride. Mais pourquoi un musée consacré à l’économie ferait-il l’acquisition d’œuvres d’art?
Le rai : une monnaie de taille
On dit qu’un objet a une valeur culturelle lorsqu’il est étroitement associé à l’histoire, aux personnes, aux croyances ou aux rituels qui ont de l’importance au sein d’une société. Il en va de même pour un rai. Sa valeur peut augmenter en fonction de la personne qui a autorisé sa fabrication, de celle qui l’a taillé et de ces anciens propriétaires.
Leçons de la Grande Dépression
Ce qu’a permis le krach boursier de 1929, c’est de révéler crûment les faiblesses des systèmes économiques issus du capitalisme débridé de la fin du 19e siècle.