Dans un de mes meilleurs moments de cinéma, Josh Waitzkin, un petit prodige des échecs âgé d’alors onze ans, fait le vide dans son esprit et imagine qu’il débarrasse l’échiquier devant lui de ses pièces pour mieux réfléchir à sa stratégie en vue d’une partie déterminante. On est dans un tournoi et il est sur le point de le remporter. Le contexte au Musée de la monnaie est loin d’être le même, mais l’impression qui se dégage de cette scène m’est pourtant bien familière, et je ne pense pas me tromper en disant qu’elle l’est aussi pour les autres membres du Musée. C’est comme si nous avions tous ensemble regardé une version filmée au ralenti d’une séquence où l’on voit les objets du Musée quitter un à un leur place habituelle, à l’image des pièces disparaissant de l’échiquier, et que leur retrait avait ménagé dans nos esprits un nouvel espace de réflexion sur les défis qui nous attendent.
Pour bien préparer notre ouverture de la partie à venir, nous avons, entre autres choses, fait nos recherches : nous avons visité d’autres musées, discuté avec leurs conservateurs et écouté le point de vue de chacun – directeur ou employé de première ligne – sur ce qui distingue leur établissement.
Étant établis à Ottawa, nous avons pu visiter bon nombre des plus prestigieux musées du Canada sans trop avoir à nous soucier d’autre chose que des frais de taxi. Nous avons toutefois entrepris récemment de poursuivre notre démarche exploratoire par-delà la région de la capitale nationale, plus précisément à Montréal, où nous avons visité plusieurs grands musées et où nous avons eu l’occasion non seulement de voir un certain nombre d’expositions exceptionnelles, mais aussi de nous entretenir avec des représentants du milieu muséal très dynamique de cette ville. Nous avons déjà beaucoup appris, et c’est au fil de l’accumulation de ces enseignements que notre vision collective du nouveau musée prend forme.
Je tiens à remercier Carole Pauzé et Louise Julie Bertrand qui nous ont accueillis au Centre des sciences de Montréal, ainsi que Claude-Sylvie Lemery de Pointe-à-Callière, le musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, et Stéphanie Poisson de cette vénérable mais toujours fascinante institution qu’est le Musée McCord. Toutes ont pris le temps de nous recevoir et de nous faire part de leurs réflexions sur leur mission et l’établissement qu’elles ont contribué à façonner. Elles nous ont aussi ouvert leurs portes pour nous faire découvrir le fruit de leurs travaux. Nous remercions vivement ces personnes, ainsi que tous les établissements qui ont tout autant fait preuve de gentillesse et de générosité à notre égard. Leurs enseignements constitueront un apport inestimable à notre recherche de façons intéressantes et créatives de replacer les pièces de notre échiquier dans le nouvel espace plus vaste et mieux aménagé qui les accueillera.
Le Blogue du Musée
Traités, argent et art
La collection du Musée de la Banque du Canada s’est enrichie d’une œuvre d’art de Frank Shebageget intitulée Free Ride. Mais pourquoi un musée consacré à l’économie ferait-il l’acquisition d’œuvres d’art?
Le rai : une monnaie de taille
On dit qu’un objet a une valeur culturelle lorsqu’il est étroitement associé à l’histoire, aux personnes, aux croyances ou aux rituels qui ont de l’importance au sein d’une société. Il en va de même pour un rai. Sa valeur peut augmenter en fonction de la personne qui a autorisé sa fabrication, de celle qui l’a taillé et de ces anciens propriétaires.
Leçons de la Grande Dépression
Ce qu’a permis le krach boursier de 1929, c’est de révéler crûment les faiblesses des systèmes économiques issus du capitalisme débridé de la fin du 19e siècle.