Mission Hadfield 5
par Graham Iddon, rédacteur du Musée
Il a l’air tout à fait normal, ce billet. Mais que peut-il bien avoir de si particulier? Il a fait environ 2 500 fois le tour de la Terre, je vous l’accorde, mais là n’est pas l’unique raison de son originalité.
En décembre 2012, l’astronaute canadien Chris Hadfield embarque dans une fusée Soyouz pour une mission de cinq mois à la Station spatiale internationale (SSI), dont il prend les commandes en mars 2013. Dans son sac de voyage, il veille à mettre un spécimen du nouveau billet canadien de 5 $ en polymère. Mais pourquoi aurait-il besoin d’argent dans une station spatiale? Peut-être pour étudier les effets de l’apesanteur sur le dollar? Absolument pas. Le 30 avril 2013, le commandant Hadfield dévoile depuis l’espace le nouveau billet de 5 $ en polymère lors d’une vidéoconférence simultanée avec Mark Carney et Jim Flaherty, respectivement gouverneur de la Banque du Canada et ministre des Finances à l’époque. Vraiment génial! (Voir notre blogue de novembre 2013.) Paul G. Smith, président du conseil d’administration de VIA Rail Canada, procède simultanément au dévoilement du nouveau billet de 10 $ – mais lui, en direct de la planète Terre. Quelques mois plus tard, pour la première fois depuis le lancement de la série de 1954, la Banque du Canada met en circulation le même jour plusieurs billets (ceux de 5 $ et de 10 $).
L’élaboration d’une série de billets prend plusieurs années, et après le dévoilement d’un nouveau billet, il faut généralement des mois avant sa mise en circulation. L’émission des billets de 5 $ et de 10 $ en polymère a lieu le 7 novembre 2013. Comme Postes Canada ne livre pas le courrier dans l’espace (la faute aux compressions?), le commandant Hadfield n’a d’autre choix que de glisser dans ses bagages un spécimen de la nouvelle coupure de 5 $ avant son décollage en décembre 2012. D’où la particularité de ce billet.
Regardez à nouveau les images du début. Cliquez dessus, puis agrandissez-les pour les voir en taille réelle. Ne remarquez-vous pas quelque chose de bizarre? Le billet est bleu; il vaut 5 $; il est orné de portraits flatteurs de sir Wilfrid Laurier… Un instant! Les observateurs aguerris remarqueront une anomalie dans le petit portrait à reflets métalliques de Laurier : celui-ci n’est pas tout à fait chauve, il porte une moustache et ressemble étrangement à sir Robert Borden. L’explication est simple : à la date de départ prévu du commandant Hadfield dans l’espace, l’épreuve finale du billet de 5 $ est loin d’être prête. La Compagnie canadienne des billets de banque fait donc imprimer certains des éléments du billet de 5 $ en préproduction sur le support d’impression en polymère du billet de 20 $ et utilise la feuille métallique holographique du billet de 100 $. Vous me suivez? Bien. Voilà pourquoi dans la fenêtre transparente, on retrouve le portrait de sir Robert Borden et des reproductions en miniature du nombre 100.
Si vous regardez attentivement le verso du billet, vous remarquerez aussi sur la gauche un cachet un peu flou de forme octogonale. C’est le sceau de la SSI, apposé à l’encre bleue sur le billet. (Par qui? Mystère et boule de gomme!) La SSI donne un coup de tampon sur les documents et souvenirs qui passent par la station. Charles Simonyi, cinquième touriste spatial (passager civil payant son vol dans l’espace), a apporté son passeport avec lui et l’a fait tamponner comme s’il allait à l’étranger. Il s’agit là d’un gage de crédibilité pour les rares visiteurs de la station spatiale, et une tradition inaugurée par les Russes.
La Collection nationale de monnaies compte plusieurs billets de cinq dollars en polymère. Le premier et le cinquième billet de chaque nouvelle série (numérotés 00 et 04, respectivement) y sont conservés. Les trois exemplaires intermédiaires sont destinés au gouverneur, au premier ministre et au ministre des Finances. L’an dernier, le 23 septembre, le spécimen de billet de 5 $ ayant séjourné à la SSI est officiellement intégré à la Collection. Il n’y est toutefois pas encore répertorié en bonne et due forme (c’est-à-dire, doté d’un numéro et ajouté à la base de données), et orne les murs de la salle de réunion de la Haute Direction, à la Banque du Canada.
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