De la conception au produit final, les billets de banque et les pièces de monnaie peuvent être utilisés pour explorer l’art, y compris les techniques et procédés artistiques.
Pourquoi utiliser la monnaie?
Vous pouvez utiliser la monnaie – et même ses éléments de sécurité – pour montrer à vos élèves que l’art peut être à la fois pratique et beau. En examinant le processus de production d’un billet de banque ou d’une pièce de monnaie, on découvre des aspects propres à la photographie, au dessin, à la peinture et à la gravure. Aujourd’hui, toutes ces techniques sont réunies grâce à la technologie de l’imagerie numérique.
Création d’une pièce de monnaie
Pendant des décennies, la première étape de la production d’une pièce de monnaie consistait à soumettre l’esquisse d’un artiste, qui était bien plus grande qu’une pièce réelle.
Une fois l’esquisse approuvée, l’artiste en réalisait une gravure en plâtre fin. Cette gravure serait ensuite utilisée pour fabriquer les matrices d’estampage qui permettaient de produire les pièces de monnaie proprement dites.
Pour votre classe
Jouez avec l’idée des gravures en bas-relief que l’on trouve sur les pièces de monnaie. Choisissez un animal pour remplacer le Bluenose sur la pièce de 10 cents. Quel animal représenterait le mieux l’ensemble du Canada pour cette pièce de monnaie?
Demandez à vos élèves :
- de réaliser un croquis en utilisant des crayons de plomb et du papier pour faire ressortir les reliefs;
- d’utiliser de l’argile ou de la pâte à modeler pour sculpter les reliefs et les textures.
Création d’un billet de banque
Avant l’introduction des technologies numériques dans le processus, la première étape de la production des billets de banque – tout comme pour les pièces de monnaie – consistait souvent à produire un rendu très détaillé du modèle proposé, dessiné à la main ou peint. Parfois, les premières ébauches étaient plus sophistiquées et comprenaient des collages mettant à l’honneur différentes techniques : gravure, peinture, illustration, motifs réalisés à la machine et lettrage.

Ce modèle de billet de banque proposé par une société d’impression en 1952 a été créé à partir de gravures qui existaient déjà. Mais la Banque du Canada, qui souhaitait un aspect plus moderne, a choisi un autre modèle.
Source : 1 dollar, modèle de recto, Compagnie canadienne des billets de banque limitée, Canada, 1952 | NCC 2009.14.12
Exploration de la gravure
La gravure d’une plaque de métal pour l’impression requiert un savoir-faire exceptionnel et une grande minutie. En gros, le graveur dessine une image sur une plaque de métal à l’aide d’outils tranchants. Ces outils entaillent le métal, produisant des rayures, des incisions et des rainures. Le graveur crée des ombres grâce à des hachures et un effet de relief grâce à des entailles plus ou moins profondes. Il applique l’encre sur la plaque, en enlevant l’excédent pour qu’elle ne reste que dans les entailles. La plaque est ensuite pressée fortement contre le papier. L’image transférée sur le papier produit ainsi une encre en relief. C’est ce qu’on appelle la gravure en taille-douce.

Le paysage gravé à la main sur ce billet provient d’une photographie. Les motifs géométriques (« guillochis ») avaient été réalisés par une machine à graver, et le numéro était lui aussi une gravure. Tous ces éléments avaient été combinés sur une même plaque d’impression.
Source : 5 dollars, plaque d’impression, Canada, 1954 | NCC 1977.90.6 5 dollars, Canada, 1954 | NCC 1967.43.1
Pour les billets de banque, la gravure sert non seulement à reproduire des photographies, des peintures ou des illustrations, mais aussi à créer une impression extrêmement difficile à contrefaire. Jusqu’au milieu du 20e siècle, la sécurité d’un billet de banque dépendait du savoir-faire extraordinaire du graveur. Pour qu’un faux billet ait l’air authentique à cette époque, il fallait que le faussaire ait des talents au moins égaux à ceux du graveur qui avait fabriqué l’original.

Ce faux billet réalisé par le célèbre criminel Edwin Johnson était si bien contrefait qu’il était considéré comme supérieur à l’original. Sur le vrai billet, les motifs autour des chiffres avaient été réalisés à la machine, mais Johnson, habile graveur, les avait reproduits à la main.
Source : 4 dollars, contrefaçon, Dominion Bank, Canada, 1871 | NCC 1967.50.2
Regardez le maître graveur et directeur artistique de la Compagnie canadienne des billets de banque limitée, Jorge Peral, créer un portrait de sir John A. Macdonald dans l’acier, et découvrez le résultat.
Source : Banque du Canada
On pourrait penser que les billets de banque modernes comportent des gravures, mais seuls les portraits et quelques écritures sont encore réalisés de cette façon sur les billets canadiens. La lithographie est maintenant le procédé d’impression de choix, pour des raisons de prix et de sécurité. Avec la lithographie, les zones qui comportent des images sur la plaque d’impression retiennent l’encre tandis que les zones qui en sont dépourvues la repoussent. Un aspect essentiel de la lithographie est qu’elle permet de créer des jeux de couleurs étonnamment complexes qui rendent l’argent beaucoup plus difficile à contrefaire. Toutefois, des éléments des billets canadiens sont encore gravés, comme les portraits et certaines écritures. On appelle ce procédé la gravure en taille-douce, et aucun autre procédé ne peut le reproduire.

L’une des faces de ce billet a nécessité trois procédés d’impression. L’image du haut montre la couche de gravure en taille-douce. L’image du milieu montre l’une des couches lithographiques. L’image du bas montre la version définitive du billet où les numéros de série ont été ajoutés par une presse typographique, qui fonctionne un peu comme un tampon en caoutchouc.
Source : 50 dollars, épreuve de 1974, billet de banque, Canada, 1975 | NCC 2011.67.1251, NCC 2008.66.49, NCC 1975.70.1
Pour votre classe
Regardez cette vidéo sur le graveur Yves Baril pour en savoir plus sur le procédé de la gravure.
- Pour permettre à vos élèves de se familiariser avec la gravure, demandez-leur de graver un dessin sur une plaque de styromousse.
- À l’aide d’un rouleau dur, appliquez de la peinture sur la surface. Veillez à ce que la peinture ne pénètre pas dans les sillons gravés dans la plaque.
- Appuyez la plaque encrée contre une feuille de papier pour obtenir une impression inversée en deux temps, trois mouvements.
Essayez une application gratuite de peinture ou de dessin numérique sur un téléphone intelligent ou une tablette pour vous familiariser avec la largeur des traits et les textures utilisées dans la gravure numérique moderne.
Du bricolage à Photoshop
Avant l’ère de l’illustration numérique, la production de billets de banque nécessitait des photographies et des illustrations originales. Les graveurs recréaient d’abord l’image d’origine sous la forme d’une illustration qui accentuait les nuances sombres et claires pour pouvoir ensuite la graver. Ils devaient souvent adapter l’image au format horizontal des anciens billets de banque. Pendant leur travail, les graveurs pouvaient décider de ne pas reproduire un arbre ou un poteau téléphonique, ajouter des nuages ou modifier le premier plan pour créer une perspective plus harmonieuse.
Aujourd’hui, les billets de banque sont presque entièrement conçus à l’ordinateur. Même les gravures sont réalisées à l’aide de tablettes sensibles à la pression et d’un logiciel qui transmet un fichier numérique à une machine à graver informatisée. Il est aussi facile d’apporter d’importantes modifications au modèle que de petits changements. Et en cas d’erreur, les graveurs n’ont qu’à cliquer sur « Annuler ».

Si vous comparez la photo originale à la gravure, vous pouvez voir que le graveur n’a pas reproduit les personnes et de nombreux troncs d’arbres, qu’il a ajouté des nuages et du contraste aux arbres, qu’il a accentué les détails des bâtiments et qu’il a placé un drapeau sur la tour de la Paix.
Source : Photo, « Paper and Politics », Malak Karsh, Canada, 1963 NCC 1993.56.297 | 1 dollar, Canada, 1973 NCC 1973.122.1
Regardez notre conservateur reconstituer le photomontage utilisé pour créer l’image unique du paysage au dos du billet de 20 $ de 1969.
Source : Musée de la Banque du Canada
Pour votre classe
Demandez aux élèves de créer leurs propres billets de banque à partir d’éléments existants. Invitez-les à :
- regarder différents billets de banque ayant reçu des prix internationaux (en anglais) pour s’inspirer et à superposer des symboles, des images et des photographies;
- prendre plusieurs photos d’une même image pour créer un collage et réaliser le modèle qui convient le mieux à un billet de banque;
- choisir une photo pour en faire un dessin simplifié;
- superposer tous ces éléments pour obtenir un billet unique et complexe.
Il est possible de réaliser toutes ces étapes en numérique si votre classe a accès à un scanneur et à un logiciel de retouche photo.
La création dans le respect des exigences
La conception des billets de banque est dictée par beaucoup plus de paramètres que la plupart des procédés de conception. L’enjeu créatif est d’utiliser des images qui reflètent notre pays tout en préservant l’accessibilité et la sécurité des billets. Il s’agit donc d’un défi intéressant : faut-il contourner les éléments de sécurité ou en tirer parti?
La créativité dans les couleurs
Chacune des coupures de billets de banque canadiens possède sa propre palette de couleurs, qui n’a pratiquement pas changé depuis 1937. Les couleurs vives et audacieuses favorisent l’accessibilité en aidant les gens à distinguer les billets. Les images, les tons et les gravures doivent donc s’intégrer harmonieusement à la palette de couleurs et peuvent déterminer une grande partie des choix de conception.

Il a été facile de choisir le merle d’Amérique comme oiseau pour s’agencer aux tons rosés du billet de 2 $. Il a fallu faire preuve de plus d’imagination pour créer une harmonie entre les autres oiseaux de la série et les couleurs des billets de banque.
Source : 2 dollars, Canada, 1986 | NCC 1989.10.43
Cela dit, il n’est pas nécessaire que tout ce qui figure sur le billet soit représenté dans la couleur dominante. Les concepteurs doivent simplement trouver des moyens d’intégrer cette couleur dans leur composition.
Pour votre classe
Jouez avec le format vertical pour aider vos élèves à acquérir une nouvelle perspective, puis assemblez des images pour créer un nouveau billet :
- Prenez un billet de banque horizontal et adaptez-le à la verticale.
- Répartissez les élèves en petits groupes pour qu’ils proposent un concept fondé sur une palette de couleurs. Encouragez-les à présenter des images, des symboles et des photographies dans un exposé à la classe.
- Explorez l’utilisation des illustrations de billets de banque au fil de l’histoire en vous appuyant sur ce billet de blogue. Choisissez ensuite une nouvelle image pour représenter des paysages canadiens contemporains sur un billet de banque vertical.
- Assemblez le nouveau billet vertical.
Une conception intégrant des éléments de sécurité
Les technologies de sécurité des billets de banque évoluent à un rythme accéléré pour garder une longueur d’avance sur les faussaires. L’un des plus grands défis pour tout concepteur de billets de banque est d’exploiter les technologies anti-contrefaçon dans son travail, en intégrant aux billets des éléments de sécurité de pointe tout en en préservant l’esthétique. Des concepteurs astucieux ont tiré parti de certaines de ces technologies pour créer de superbes détails sur les billets.

Sur ce billet de 100 $, ce qui semble être des motifs dans le ciel derrière la tour de la Paix de la Colline du Parlement est la répétition de « BanqueduCanada100 ». Il s’agit d’une microimpression, un élément de sécurité qui rend la contrefaçon extrêmement difficile.
Source : 100 dollars, Canada, 1988 | NCC 1990.44.10

La plume figurant sur le nouveau billet vertical de 10 $ représente la poursuite de la reconnaissance des droits et libertés des peuples autochtones au Canada. Il s’agit également d’un élément de sécurité métallique : la couleur et les reflets changent lorsqu’on manipule le billet.
Source : 10 dollars, Canada, 2018 | NCC 2018.822.3
Pour votre classe
- Demandez à vos élèves de repérer les éléments de sécurité dissimulés sur nos billets de banque.
- Invitez-les à concevoir leur propre billet de banque en y intégrant des éléments de sécurité. Demandez ensuite à une autre classe de trouver les éléments de sécurité qui se trouvent dans les créations de vos élèves.
- Prenez un vieux billet de banque et demandez aux élèves de l’adapter à un public moderne en y intégrant des images artistiques qui pourraient également être utilisées comme éléments de sécurité pour prévenir la contrefaçon, tels que les guillochis, l’encre en relief ou le microtexte en arrière-plan.
De l’inspiration dans votre portefeuille
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