Des objets inouïs ont été ajoutés à la Collection nationale de monnaies.
Enrichir une collection en pleine pandémie comporte bien des défis. Les conservateurs du Musée de la Banque du Canada ont tout de même déniché des objets uniques, dont certains documentent la pandémie.
Bâtir une collection
Le Musée de la Banque du Canada est responsable de la Collection nationale de monnaies, et son mandat consiste, entre autres choses, à l’entretenir et à l’étoffer. La Collection nationale de monnaies comprend plus de 130 000 objets, et tous les Canadiens peuvent l’admirer et l’étudier. Si certains aspects de la Collection, tels que les pièces de monnaie et les billets de banque canadiens, sont bien couverts, d’autres sont en train d’être développés. C’est pourquoi le Musée s’est employé à acquérir ces différents types d’objets ces dernières années. Bien que l’enrichissement d’une collection soit planifié avec soin, il arrive que des occasions se présentent pour acquérir des objets rares ou uniques qui permettent de raconter des histoires intéressantes.
Pièces de monnaie et billets de banque canadiens
La Collection nationale de monnaies est sans contredit la collection de pièces de monnaie et de billets de banque canadiens la plus complète au monde. Cependant, il lui manque encore quelques pièces et billets clés. Les conservateurs du Musée cherchent donc toujours à acquérir des objets pour enrichir la Collection. Voici quelques-unes des acquisitions récentes.
Dollar en argent de 1911
Pour les collectionneurs de pièces de monnaie et les numismates, cette pièce n’a pas besoin d’être présentée. Surnommé l’« empereur » des pièces canadiennes, le dollar en argent de 1911 est la pièce de monnaie canadienne la plus convoitée de tous les temps. Et pendant plus de 60 ans, le seul exemplaire disponible a fait partie de diverses collections privées prestigieuses. Le Musée de la Banque du Canada a fait l’acquisition de cette pièce historique en 2021 et l’exposera dans ses galeries permanentes. Lisez notre billet de blogue sur l’histoire et le parcours incroyable du dollar en argent de 1911.
Liasse originale de billets de 2 $ de 1937
En mars, le Musée a acquis une liasse originale de billets de 2 $ de la série de 1937. Fait remarquable, les billets de cette liasse comptent parmi les derniers billets de cette série à avoir été imprimés et émis. Les cent billets sont numérotés de façon séquentielle et leur numéro est précédé de la combinaison rare des lettres L/R, qui indiquent que ce tirage limité est l’un des derniers de la série. La bande de papier liant les billets est datée de 1954, la dernière année où les billets ont circulé avant l’arrivée de la nouvelle série Paysages canadiens, et porte l’inscription de la ville de Plaisance, une petite municipalité du Québec située entre Gatineau et Montréal. Il est assez étonnant que la liasse d’origine soit restée intacte pendant toutes ces années.
Billet d’essai de 2 $ avec le préfixe E/R de la série de 1954
La recherche-développement pour assurer la sécurité et la durabilité des billets de banque est importante depuis la première monnaie de papier. Qu’il s’agisse d’encres spéciales, de filigranes, de teintes de couleur ou de « recettes » secrètes de papier, les innovations en matière d’impression des billets de banque abondent. Durant les années 1970, la Banque du Canada a effectué des essais avec la série Paysages canadiens de 1954 pour que les billets demeurent plus longtemps en circulation. Des billets de papier de différentes compositions ont été mis en circulation et récupérés pour être testés. Des numéros de série particuliers identifiaient les billets, mais cette information a été tenue secrète pour ne pas influencer les résultats. En 1977, un rapport de recherche de la Banque a révélé le numéro des billets spéciaux, ce qui en a fait immédiatement des objets de collection : les billets de 2 $ sur lesquels figurent le préfixe (combinaison de lettres précédant le numéro de série) G/R ou S/R sont devenus très prisés. Mais ce n’est qu’il y a une dizaine d’années que l’on a découvert l’utilisation pour la recherche-développement des billets de 2 $ avec le préfixe E/R – comme celui-ci, récemment ajouté à la collection du Musée. Ces billets sont devenus très recherchés par les collectionneurs.
Documenter la pandémie de COVID‑19
Les acquisitions contemporaines jouent un rôle important dans l’enrichissement des collections muséales, car les événements d’aujourd’hui feront un jour partie de l’histoire. Les personnes qui ont vécu la pandémie de COVID‑19 n’oublieront jamais les mois de confinement, le changement des habitudes de travail et les efforts déployés pour revenir à la normale. Cependant, les futures générations n’auront pas connu les effets sanitaires et économiques dévastateurs de cette crise sur la société. Le Musée a donc ajouté quelques objets qui nous aideront à raconter cet épisode dans les années à venir.
Couvre-visages sur le thème de l’argent
Lorsque la pandémie de COVID‑19 a été déclarée en mars 2020, de nombreuses entreprises n’exerçant pas dans le domaine de la production de couvre-visages ont réaménagé leurs installations pour produire des masques N95 et des masques non médicaux afin de répondre à la demande. Il s’agit de la plus grande mobilisation de l’industrie pour une cause nationale depuis la Deuxième Guerre mondiale. De plus petits entrepreneurs, comme le fabricant des masques ci-dessous, ont conçu des masques en tissu avec des motifs gais. Le Musée de la Banque du Canada a ajouté à sa collection deux masques sur le thème de l’argent pour rappeler la pandémie de COVID‑19.
Certificat d’actions de Pfizer
Pour produire un vaccin contre la COVID‑19 à grande échelle, l’entreprise américaine Pfizer s’est associée à BioNTech SE. Pfizer produisait des médicaments bien avant la pandémie. Fondée en 1849, l’entreprise a son siège social à New York et des bureaux partout dans le monde, y compris à Kirkland au Québec et à Brandon au Manitoba. Ce certificat de 100 actions ordinaires sur lequel figure le nom original de l’entreprise – qui rend honneur à son fondateur, Charles Pfizer – a été ajouté à la collection du Musée sur la pandémie.
Collectionner au-delà de la monnaie
Une bonne pratique pour enrichir une collection consiste à faire l’acquisition d’objets qui mettent en contexte la principale collection d’un musée. Pour ce qui est de la Collection nationale de monnaies, le Musée acquiert plus que des billets de banque et des pièces de monnaie. En effet, la Collection comprend des objets liés à la production de monnaie, aux habitudes de dépenses et d’épargne, aux placements, à la comptabilité ainsi qu’à bien d’autres aspects de l’économie, de la finance et de la numismatique.
Carte d’épargne
La plupart des gens connaissent les relevés de compte bancaire pour suivre leur épargne. Les banques et autres institutions financières ont toujours essayé de trouver de nouvelles façons d’inciter les gens, en particulier les écoliers, à économiser et à déposer leur argent. En émettant cette carte d’épargne vers la fin du 19e siècle, l’Associated Societies Savings Bank of Hamilton, en Ontario, s’est servi de l’achat de timbres pour promouvoir l’épargne. Une fois que la carte était remplie de timbres, on pouvait l’apporter à la banque pour la déposer.
La Collection ne cesse d’évoluer
Les objets présentés ici ne sont qu’un petit échantillon des centaines d’objets que le Musée de la Banque du Canada se procure chaque année. Même si la pandémie de COVID‑19 a posé quelques difficultés, le Musée a tout de même déniché en 2021 de superbes objets pour remplir son mandat. Ces nouvelles acquisitions seront conservées pour les prochaines générations, et certaines d’entre elles seront exposées l’an prochain.
Le Blogue du Musée
Traités, argent et art
La collection du Musée de la Banque du Canada s’est enrichie d’une œuvre d’art de Frank Shebageget intitulée Free Ride. Mais pourquoi un musée consacré à l’économie ferait-il l’acquisition d’œuvres d’art?
Le rai : une monnaie de taille
On dit qu’un objet a une valeur culturelle lorsqu’il est étroitement associé à l’histoire, aux personnes, aux croyances ou aux rituels qui ont de l’importance au sein d’une société. Il en va de même pour un rai. Sa valeur peut augmenter en fonction de la personne qui a autorisé sa fabrication, de celle qui l’a taillé et de ces anciens propriétaires.
Leçons de la Grande Dépression
Ce qu’a permis le krach boursier de 1929, c’est de révéler crûment les faiblesses des systèmes économiques issus du capitalisme débridé de la fin du 19e siècle.