Plus de conseils d’entretien aux collectionneurs
Collectionner la monnaie de papier semble simple. Mais il faut savoir certaines choses pour protéger sa collection et éviter que vos billets se détériorent.
Préservation? Traitement? Restauration?
On pourrait penser que ces mots veulent tous dire la même chose, mais, dans le monde des musées, ils désignent des degrés de traitement de plus en plus intensif :
- La préservation consiste à placer l’objet dans un environnement stable pour réduire au minimum les dommages supplémentaires ou la détérioration.
- Le traitement est une opération réversible qui consiste à réparer l’objet ou à éliminer les contaminants de surface nuisibles pour réduire au minimum les dommages supplémentaires ou la détérioration.
- La restauration consiste à ramener l’objet à son état d’origine et elle est irréversible.
Le rôle du collectionneur est la préservation. C’est tout. Il existe une panoplie de pratiques professionnelles propres à la conservation du papier. Vous ne devriez pas essayer de réparer vos objets. Et la restauration? C’est ce qu’on fait avec de vieux meubles, pas avec des billets de banque.
C’est vous le conservateur de votre collection
Connaître vos ennemis
Le papier est un matériau hygroscopique, c’est-à-dire qu’il absorbe l’humidité de son environnement. L’humidité peut faire gonfler le papier et le déformer. Dans les pires cas, elle favorise la moisissure et toute une série de détériorations chimiques qui peuvent même affecter l’encre.
Et l’inverse n’est pas beaucoup mieux : un environnement très sec éliminera l’humidité du papier, ce qui le rendra fragile. C’est le même phénomène pour les températures élevées. Souvent, ce ne sont pas la température et l’humidité comme telles qui causent les dommages, mais les grandes fluctuations. En gros, ces changements accélèrent les dommages.
Une petite armée d’ennemis menace votre collection de billets :
- Dommages mécaniques : abrasion, déchirures et plis causés par la manipulation et l’entreposage.
- Ravageurs : les vers du livre, les poissons d’argent, les blattes et les larves de coléoptères grignotent le papier; les rongeurs le déchiquettent pour faire leur nid.
- Moisissure : très destructrice, elle représente un risque grave pour la santé du collectionneur.
- Polluants : les gaz qui se dégagent des matériaux comme le bois et la peinture peuvent dégrader les fibres de papier.
- Particules : la poussière et la suie décolorent le papier.
- Matériel d’entreposage : le carton, le bois, les cartons acides et les rubans adhésifs dégagent tous des polluants qui fragilisent et décolorent le papier.
- Lumière : la lumière ultraviolette du soleil, les ampoules à incandescence et les tubes fluorescents provoquent le jaunissement, la décoloration et l’affaiblissement des fibres de papier.
- Encre : les encres métallogalliques utilisées pour les signatures sur certains billets du 19e siècle corrodent et causent des décolorations, des craquements et des pertes de papier.
Le site Web de l’Institut canadien de conservation fournit de l’information détaillée sur la conservation du papier.
Une chambre forte à domicile
Heureusement, quelques habitudes de conservation simples et quelques produits peu coûteux protégeront très bien votre collection. Commencez par entreposer vos billets dans un endroit raisonnablement frais et sec et dont les conditions sont stables. S’ils risquent d’être exposés à une chaleur, un froid ou une humidité extrême, vos billets ne sont pas au bon endroit. Idéalement, les restaurateurs recommandent une température entre 18 et 22 degrés Celsius et entre 45 et 50 % d’humidité. Dans la plupart des maisons bien isolées, l’humidité se situe à l’extrémité supérieure de la plage idéale, mais la stabilité est plus importante que la température et l’humidité parfaites.
Attention aux contaminants! Les produits chimiques, les gaz d’échappement des voitures ou tout objet peint ou collé encore en train de sécher sont tous mauvais pour les billets de banque. Même certains bois dégagent des composés acides. Les gaz nocifs vont s’accumuler dans les contenants d’entreposage en chêne, en cèdre, en panneaux de particules ou en contreplaqué. Les étagères et les unités de rangement en métal thermolaqué ou en acier inoxydable sont idéales, mais coûteuses. Si vous ne pouvez pas vous procurer les étagères idéales, placez au moins une feuille de mousse non réactive ou de plastique ondulé sur celles que vous utilisez en guise de barrière.
Et gardez toujours vos billets dans le noir!
Il est préférable de veiller à ce que vos sources lumineuses émettent peu d’UV et ne soient pas trop puissantes. Les lumières D.E.L. modernes sont d’excellentes sources de lumière à faibles UV. Il existe aussi des filtres pour d’autres formes de lumière. Il n’est pas recommandé d’exposer votre billet préféré de la Banque du Canada dans un cadre dans votre salon orienté au sud.
Pochettes : la solution facile
Vous pouvez éviter la plupart des problèmes en rangeant vos billets individuellement dans des pochettes transparentes en polyester tel que ceux de la marque Melinex (mylar). Elles isolent vos billets des contaminants tout en les protégeant des dommages physiques, de la poussière, des empreintes digitales et de l’abrasion des autres billets. Les acryliques et les polyesters sont des matériaux sans acide qui ne se dégradent pas, ne dégagent pas de gaz et ne deviennent rien de dangereux. Mais vérifiez-les bien : un mauvais lot de mylar peut jaunir ou devenir cassant. Vous pouvez également acheter des étuis en acrylique solides qui se referment autour de vos billets. C’est la protection ultime. Les matériaux à base de vinyle (PVC souple et caoutchouteux) ne sont pas sûrs et se dégradent en dégageant des plastifiants.
Les enveloppes en papier sont acides et causeront la détérioration de vos billets. Si vous voulez utiliser du papier, vérifiez si l’étiquette dit « sans acide » ou « tamponné », y compris pour les boîtes d’entreposage. Jetez un coup d’œil aux directives de l’Institut canadien de conservation a sujet de l’entreposage et de la manipulation du papier.
Manipuler avec soin
Les coins pliés, les déchirures et les plis sont causés par une manipulation inappropriée. De plus, l’huile naturelle présente sur les mains risque de transférer des saletés sur le papier. Donc, pour éviter de salir vos billets (ou vos mains), portez des gants de nitrile bien ajustés. Certains gants contiennent de la poudre pour les rendre faciles à enfiler – évitez-les. Les gants en coton ne sont pas une bonne idée non plus. Ils peuvent endommager le billet en s’accrochant aux fibres et aux coins. Tout cela dit, pour les articles fragiles ou déchirés, le mieux est d’y aller avec des mains propres, sèches et nues pour bien sentir ce que vous faites.
La meilleure solution pour nettoyer vos billets… Ne pas le faire!
Le blanchissement d’argent, au sens propre et au sens criminel, est une mauvaise idée. Dans tous les cas, l’eau, surtout si elle est chaude, risque d’endommager les billets. Utiliser une gomme à effacer peut aussi les causer des dommages par la friction. Et n’utilisez pas un fer à repasser pour enlever les plis, car ça affaiblit les fibres des billets anciens et ça risque d’endommager les éléments de sécurité des billets modernes.
C’est mieux d’apprécier vos billets en papier comme ils sont. Les taches et les plis leur donnent du caractère et rappellent leur histoire. Alors, prenez-en soin, mais pas trop. Pour le bien du patrimoine numismatique, il est préférable de conserver vos billets le plus longtemps possible tels qu’ils sont.
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