Série de 1954 : Paysages canadiens
Au début des années 1950, la Banque du Canada a confié à Charles Comfort, artiste canadien de renom, le mandat de créer sa prochaine série de billets. Ainsi, la conception des coupures reposerait sur la vision indépendante d’une seule personne, et leur simplicité d’allure contemporaine trancherait avec les modèles franchement surannés que proposaient les sociétés d’impression à l’époque. Les dirigeants de l'institution souhaitaient voir figurer sur les billets des paysages canadiens présentant aussi peu que possible de traces d’activité humaine. Parmi une sélection de 3 000 photographies puisées dans les collections de compagnies de chemin de fer, de fonds d’archives et d’agences de presse, ils en ont retenu huit. On peut y reconnaître les Maritimes, l’est du Canada, les Prairies, les Rocheuses ainsi que le Nord : le tout donne du Canada l’image d’une terre vaste et inhabitée, vision certes déjà dépassée, mais qui servirait de point de départ à l’évolution de la manifestation identitaire officielle du pays, laquelle serait confirmée par les prochaines séries. Dans le cadre de ce processus de renouvellement, les armoiries du Canada ont été ajoutées au recto de chaque billet, derrière les inscriptions principales. Elles figurent également sur les trois séries suivantes. L’édition spéciale de la coupure de 1 $, qui visait à commémorer le centenaire du pays en 1967, n’est pas ornée d’un paysage. Au verso, on voit plutôt une gravure des premiers édifices du Parlement du Canada, construits en 1860 et détruits par un incendie en 1916. La même image avait été utilisée peu de temps après la Confédération sur un billet de 100 $ du Dominion du Canada. En dépit du caractère typiquement canadien que l’on cherchait à donner à cette série, elle est la seule à ne comporter le portrait d’aucune personnalité canadienne. Cependant, le portrait de la jeune reine Elizabeth II, qui figure sur chaque coupure, a été obtenu à partir d’une photo prise par le célèbre photographe canadien Yousuf Karsh. À l’origine, ce cliché avait été réalisé pour un timbre-poste.