Novembre 1915 : le premier emprunt de guerre
La guerre coûte cher. Quand le Canada s’est engagé dans le conflit contre l’Allemagne et ses alliés en 1914, l’une des premières questions que le gouvernement Borden a dû se poser était « Mais comment allons-nous financer notre intervention? »
Par le passé, le Canada comptait sur les revenus issus des taxes d’accise et des droits de douane pour financer les initiatives du gouvernement. De temps à autre, venait s’ajouter le produit de la vente d’obligations aux banques et aux maisons de courtage de Londres et New York. Lorsque la guerre éclate en 1914, l’accès aux marchés britanniques se resserre. Le Trésor britannique prête alors de l’argent au Canada pour financer les opérations de guerre. Parallèlement, le Canada augmente les droits de douane sur son territoire et emprunte de l’argent à New York en vendant des obligations. Cependant, ces sources de revenus s’avèrent insuffisantes pour couvrir la hausse des coûts, ce qui amène le gouvernement canadien à adopter un nouveau plan. En novembre 1915, celui-ci se tourne vers les citoyens pour supporter la charge financière de ce qui allait être la Première Guerre mondiale en lançant la première émission obligataire intérieure du pays.
Après la guerre, sir Thomas White, ministre des Finances, décrit de sa plume le cynisme exprimé en 1915 quant à la probabilité d’obtenir par l’intermédiaire d’une offre publique d’obligations canadiennes ne serait-ce que 5 millions de dollars, sans parler des 50 millions recherchés. Pourtant, le premier emprunt de guerre de novembre 1915 s’avère une réussite totale. À la fermeture des livres, 100 millions de dollars en obligations ont été souscrits, soit le double de l’objectif initial! Le surplus, quelque 50 millions de dollars, sert à octroyer un prêt à Sa Majesté pour l’achat, entre autres, de vivres et de munitions au Canada. Le Canada devient ainsi le premier dominion de l’Empire à prêter de l’argent à la métropole.
Les émissions obligataires subséquentes remportent encore plus de succès et démontrent que le Canada a atteint sa maturité financière. De 1915 à 1918, cinq émissions d’obligations intérieures permettent de recueillir 1,7 milliard de dollars auprès des Canadiens. Durant cette période, toutes les autres sources de revenus confondues représentent seulement la moitié de ce montant. Même les sommes récoltées grâce à l’impôt sur le revenu, introduit en 1918 à titre de mesure temporaire, sont loin d’approcher ce montant.
Le premier emprunt de guerre comprenait des obligations sous forme de coupures allant jusqu’à 100 000 $. Elles arrivaient à échéance au bout de dix ans et rapportaient des intérêts de 5 %, conformes en cela aux offres du secteur privé, ce qui renforçait d’autant leur attrait auprès des investisseurs. Le principal était remboursable au 1er décembre 1925 (date d’échéance) dans tous les bureaux du Receveur général ou du Receveur général adjoint. Les intérêts étaient versés deux fois l’an, le 1er juin et le 1er décembre, au comptoir de n’importe quelle banque à charte du pays. Comme les billets de banque, ces titres étaient fabriqués par des sociétés d’impression qui se servaient d’une encre spéciale et d’un papier de sûreté orné de motifs complexes difficiles à imiter. Le patriotisme des images qui rehaussaient les obligations de 100 $ – drapeaux, castors, feuilles d’érable, vue des édifices du Parlement –, en a fait l’un des plus séduisants instruments financiers jamais émis par le gouvernement canadien.
Le Blogue du Musée
Là où les futuristes n’ont jamais osé s’aventurer
Par : Graham Iddon
L’année 2062 selon Les Jetsons : voitures volantes, immeubles flottants, robots domestiques… et bons vieux billets verts.
Bilan de l’année
Par : Graham Iddon
Le Musée de la Banque du Canada s’était fixé des objectifs très ambitieux à la fin de 2018, et il a réussi à accomplir plus de choses en une seule année que depuis sa réouverture.
Le récit de guerre du soldat Atkinson
Par : Graham Iddon
La contribution du soldat Edward Atkinson à l’art des tranchées est ce qu’on appelle un jeton d’amour, soit un souvenir fait à partir d’une pièce de monnaie. Ce petit rond de métal raconte son parcours dans la Grande Guerre.
Billet de banque / Bank Note
Par : Graham Iddon
Les premiers billets de banque canadiens en papier ont été émis en 1817 et, pendant 120 ans, la grande majorité n’était qu’en anglais.
Congrès de l’Association royale de numismatique du Canada de 2019
Par : David Bergeron
Le Musée de la Banque du Canada sera au 66e congrès annuel de l’Association royale de numismatique du Canada (ARNC)
Des paysages bien ancrés
Par : Graham Iddon
En effet, ajoutées aux paysages, l’activité humaine et l’intervention de l’homme ont transformé les illustrations pour dresser un portrait plus complet du Canada et de ses habitants.
La chasse aux billets verts
Par : Graham Iddon
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Banque met sur pied la Commission de contrôle du change étranger, dont l’une des principales tâches consiste à mettre la main sur autant de dollars américains que possible pour payer les biens importés des États-Unis.
Ce qui monte…
Par : Graham Iddon
Les bulles économiques se sont régulièrement formées au cours de l’histoire, et elles continuent de se créer encore aujourd’hui.