Espéranto et stelo : une langue et une monnaie universelles
On ne peut s’étonner que les gens ayant fait la promotion d’une langue universelle aient voulu créer une monnaie universelle. Pour bien comprendre, il faut remonter aux années 1870 et 1880, quand l’ophtalmologiste polonais Louis-Lazare Zamenhof invente l’espéranto, une « langue internationale d’appoint », dans le but de jeter un pont entre les cultures. Originaire de Bialystok, une ville de la Russie tsariste traversée par des divisions ethniques située aujourd’hui en territoire polonais, Zamenhof a depuis son enfance la conviction que s’il existait une langue commune, l’hostilité et les tensions dont il est témoin au quotidien disparaîtraient.
L’espéranto gagne très rapidement des adeptes. Une grammaire paraît en 1887, et le premier congrès des espérantistes a lieu en France en 1905. Après la Grande Guerre de 1914‑1918, la plupart des régimes totalitaires qui émergent en Europe voient l’espéranto d’un mauvais œil, et ceux qui le parlent sont alors souvent persécutés, expulsés, voire exécutés.
Il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que renaisse l’engouement pour l’espéranto, à la faveur de la fondation d’une association néerlandaise, l’Universala Ligo, ou Ligue universelle. Sa mission est d’unifier l’humanité grâce à une langue commune. À la première assemblée internationale de la ligue, en 1946, il est décidé de créer une monnaie stable qui aurait cours partout dans le monde. On espère ainsi que l’instauration d’une économie internationale assurera la paix; autrement dit, que l’utilisation de cette monnaie révolutionnaire mettrait fin aux conflits mondiaux causés par les pressions économiques internationales. Pour mener à bien cette louable mission, on invente le stelo (étoile en espéranto), dont la valeur est fixée au prix d’une miche de pain, soit un quart de florin néerlandais à l’époque.
Les premières pièces sont frappées en 1960, et jusqu’en 1965, on introduit successivement les pièces de 1, 5, 10 et 25 steloj. Elles ont vraiment circulé, mais n’ont jamais reçu l’appui d’un État. Pendant plus de trente ans, les steloj servent de monnaie d’échange pour l’achat de livres et autres articles au sein de la branche néerlandaise de la Ligue universelle. En 1974, le stelo est réévalué et passe à un demi florin néerlandais. Dans l’espoir de protéger la monnaie internationale de l’inflation, le stelo sera plus tard aligné sur l’indice des prix à la consommation, une mesure de l’inflation fondée sur les prix des biens et services habituellement consommés. Toutefois, les profonds désaccords internes sur l’établissement de la valeur du stelo entraînent la disparition de celui-ci. La Ligue universelle est dissoute en 1993, et la mort de ses plus grands défenseurs à la fin du 20e siècle met fin aux grands projets de l’espéranto.
Le Blogue du Musée
Les billets de la Collection : Congrès de l’ARNC de 2013 à Winnipeg
Par : David Bergeron
Le congrès de l’Association royale de numismatique du Canada (ARNC) s’est conclu en juillet dernier à Winnipeg, au Manitoba. Il y avait plus de trente ans que l’ARNC n’avait pas tenu son congrès dans cette ville.
Le grand départ de nos gros artéfacts
Par : Graham Iddon
Le 2 juillet, le Musée a fermé ses portes pour être rénové. Dans cette optique, vers la fin du mois de mai, des techniciens ont commencé à procéder au déménagement des artéfacts les plus volumineux. Le premier à partir a été le coffre-fort.
Le mot du directeur - c’est le début d’un temps nouveau
Par : Ken Ross
« Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre » : nous connaissons presque tous cette citation célèbre d’Alexander Graham Bell. Cependant, nous oublions souvent qu’elle comporte une deuxième partie : « Mais nous regardons souvent si longtemps et avec tant de regrets la porte fermée que nous ne voyons pas celles qui s’ouvrent pour nous. »
À la mémoire d’Alex Colville (1920-2013)
Par : Raewyn Passmore
Le personnel du Musée de la monnaie a été attristé d’apprendre le décès de l’artiste Alex Colville, le 16 juillet à son domicile de Wolfville, en Nouvelle-Écosse, à l’âge de 92 ans. M. Colville est l’un des peintres les plus célèbres au Canada, mais ses sculptures, elles, sont moins connues.
Au revoir, cher Musée!
Par : Graham Iddon
Les origines du Musée de la monnaie remontent à 1959, année où le gouverneur James Coyne a proposé d’instaurer une collection de monnaies reflétant l’histoire colorée des moyens de paiement au Canada. C’est en 1963 que le feu vert a été donné par le successeur de M. Coyne, Louis Rasminsky. Entre-temps, on avait élargi le mandat de la collection pour y inclure l’histoire mondiale de la monnaie, des artéfacts liés à sa fabrication ainsi qu’au domaine bancaire, de même qu’une bibliothèque consacrée à la numismatique.