Explorons la Collection 11
La petite histoire de la pièce canadienne de 5 cents
De 1858 à 1921, les pièces canadiennes de 5 cents étaient frappées en argent. Pour préserver le rapport entre la valeur des pièces et leur teneur en métal – à savoir qu’elles devaient renfermer l’équivalent de 5 cents du métal précieux – il fallait qu’elles soient très petites : leur diamètre n’était que de 15,5 millimètres pour un poids de 1,16 gramme, ce qui leur a valu le sobriquet de fish scales (« écailles de poisson ») chez les Canadiens anglophones. Leur pouvoir d’achat n’était pourtant pas négligeable. La facilité avec laquelle on pouvait les perdre posait donc problème.
L’année 1920 marque une évolution importante du monnayage au Canada. On réduisit la taille de la pièce d’un cent pour économiser sur le coût du cuivre, et pour faire face au renchérissement de l’argent, on fit passer de 92,5 % à 80 % la proportion de ce métal dans les pièces de 5, 10, 25 et 50 cents. Au même moment, l’idée de frapper les pièces de monnaie canadiennes en nickel, métal à la fois bon marché et abondant, faisait son chemin. Le Canada n’était-il pas, après tout, le premier producteur mondial de ce métal? En raison des problèmes occasionnés par ses dimensions, la pièce de 5 cents s’imposait comme la candidate idéale à cette transformation. Surtout que les États-Unis avaient déjà fait le saut en 1913 avec leur propre pièce de 5 cents, le fameux « cinq cents type bison ».
Dans une lettre adressée au nom du ministère des Finances à la Monnaie royale d’Angleterre, on demanda la fabrication d’une pièce plus grosse, en nickel. Parmi les quatre modèles proposés, le ministre des Finances, Sir Henry Drayton, porta son choix sur celui qui s’apparentait le plus à la pièce de 1 cent, plus petite, émise depuis peu : la mention de la valeur figure sur cette pièce entre deux feuilles d’érable et le millésime y est inséré à l’exergue (l’espace vierge sous le motif principal d’une pièce).
Les motifs ayant été choisis, il ne restait plus qu’à trouver des flans (disques de métal prêts à être frappés) en nickel.
Le métal devait provenir de fournisseurs canadiens, ce qui n’était pas un problème. Il fallait aussi que les flans soient fabriqués au Canada, ce qui en était tout un!
En effet, aucune entreprise canadienne n’était outillée pour raffiner le nickel et produire les flans nécessaires à la fabrication des nouvelles pièces. Le ministère des Finances dut assouplir ses critères pour qu’on puisse faire venir les flans du Royaume-Uni ou des États-Unis. Parmi les trois sociétés qui soumirent une offre – la British America Nickel Corporation, l’International Nickel Company of Canada et la Mond Nickel Company Limited du Royaume-Uni –, c’est cette dernière qui décrocha le contrat. Elle devait en produire pas moins de 5 millions pour la frappe initiale, ce qui représentait 50 000 livres (environ 23 tonnes) de nickel. Le 3 janvier 1922, les nouvelles pièces de 5 cents entraient en circulation.
Au fil des ans, la pièce de 5 cents a vu ses motifs modifiés plusieurs fois, tout comme sa teneur en nickel. Celle-ci était encore de 25 % en 1982, mais n’a cessé de diminuer jusqu’en 2000, année marquant les débuts de la frappe des pièces canadiennes avec de l’acier plaqué nickel.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, de nos jours, le nickel peut quasiment prétendre au statut de métal précieux!